Depuis le mois de décembre, les pluies sont intenses. Les gardes forestiers ont vu l’eau monter peu à peu. Les berges disparaissent, là où accostaient les embarcations et les canoës. Il n’y a plus de terre ferme là où étaient implantées les guérites, et les toilettes sèches sont désormais complètement sous l’eau. Cet hiver est aussi sévère que celui de 2011-2012, lorsque les hautes eaux étaient restées stagnantes pendant deux mois, entraînant la mort d’une grande partie des 30 000 arbres que nous avions replantés avec les communautés. Mais avec détermination et volonté, nous avons recommencé à reforester quelques mois plus tard. Nous sommes le 2 avril, et nous espérons que les pluies vont bientôt s’arrêter. Pourtant, les villageois s’attendent à une nouvelle montée des eaux à l’approche de Pâques.
La faune sauvage en paie un lourd tribut. À l’exception des singes, les mammifères tels que les huanganas, les sajinos et les biches sont facilement chassés par les braconniers. Ces animaux, en quête d’un espace de terre ferme pour se reposer, deviennent des proies vulnérables.
Les patrouilles des gardes forestiers se multiplient, mais la savane devient de plus en plus difficile à contrôler. Chaque recoin devient une porte d’entrée pour les infracteurs. Aujourd’hui, l’équipe de six gardes forestiers a constaté que les infractions concernent principalement la faune sauvage, tandis que les infractions pour l’abattage des arbres a diminué.
La zone protégée couvre 38 699 hectares de forêt tropicale humide et se divise en deux secteurs : le secteur Río Maquîa et le secteur Río Yanayacu. Les patrouilles ont été effectuées de manière périodique, selon des routines régulières, permettant de parcourir les limites de la concession ainsi que les chemins internes. Ces patrouilles visent à bien connaître les itinéraires tout en collectant des informations importantes à signaler. En outre, des patrouilles extraordinaires, qui durent plusieurs jours, ont été menées. Celles-ci nécessitent des efforts et des ressources particulières, répondant à des circonstances spéciales ou imprévues, et demandent une planification et une logistique adaptées.
L’objectif des patrouilles est d’assurer une présence constante afin de surveiller, contrôler, prévenir et atténuer les menaces pesant sur la biodiversité et le paysage. Elles permettent également de fournir des informations cruciales pour une meilleure connaissance du territoire et orienter les décisions de gestion.
En 2024, huit interventions ont été menées, ainsi que trois expulsions d’infracteurs. Les interventions ont généralement eu lieu avant que les infracteurs ne s’installent sur le site, ce qui rend la situation moins dangereuse et conflictuelle que les expulsions, qui se produisent une fois les infracteurs déjà installés dans leurs campements. Un groupe de pêcheurs a été délogé, mais avant leur expulsion, ils ont incendié une partie de la plage où ils s’étaient établis. Un autre groupe a tenté de détruire l’embarcation des gardes forestiers, qui transportaient trois personnes à bord. Leur colère était telle que la destruction aurait touché non seulement les camps des conservationnistes, mais aussi ceux des infracteurs.
On a observé une recrudescence de pêcheurs qui veulent rentrer dans la réserve. Ils justifient leur présence en affirmant que les poissons se font rares dans les rivières et que la concession est leur seule alternative, offrant à la fois diversité d’ animaux sauvage et abondance de poissons. Nous ne sommes pas opposés à une pêche contrôlée, mais il est important de souligner que de nombreux infracteurs utilisent des produits toxiques qui détruisent l’écosystème aquatique. Nous veillons scrupuleusement à la préservation de la qualité des eaux de la concession, qui abrite des espèces telles que les loutres géantes, les caïmans noirs, les paiches, les arahuanas et bien d’autres.
Lorsqu’ils arrivent dans la zone protégée, les infracteurs sont souvent éblouis par la richesse de la biodiversité : variété de singes, aras, ongulés, etc. Quinze espèces de faune sauvage identifiées figurent sur la liste rouge de l’UICN, et plusieurs autres espèces non encore identifiées selon les études ADN Spygen existent également dans la zone. Notre activité de conservation a récemment été reconnu par le gouvernement péruvien pour son excellence dans la gestion de la zone (OSINFOR). Il a été salué pour les recherches scientifiques menées, qui contribuent à une meilleure compréhension de la biodiversité de la région de Loreto, au Pérou. Ces travaux fournissent des données clés pour l’élaboration de plans de gestion communautaire et la conservation des espèces menacées d’extinction, tout en contribuant à la préservation de leurs écosystèmes (SERFOR)
Avec l’association Biodiversité-Amazonienne,nous nous engageons dépuis 2006, auprès de la Mère Terre en conservant environ 40 000 hectares de forêt tropicale humide en Amazonie péruvienne, un hotspot de biodiversité.
Reboisement d'espèces natives, soit aux limites de la zone protégé,où sur des parcelles des communautés voisines ;
- Reforestation permanente dans le périmètre de la concession ou dans les parcelles des communautés ;
- Surveillance constante de la zone. Nos courageux garde forestiers transpirent dans leurs chemises, s'exposant à l'agressivité et à l'insensibilité des infracteurs qui souvent ne comprennent pas que le millénaire shihuahuaco (Dipteryx micrantha) qu'ils voient dans la concession de conservation Yanayacu-Maquia, résulte de la protection permanente de la zone afin d’éviter la déforestation.
- Sensibiliser les communautés et particulièrement les écoliers, car les jeunes sont plus réceptifs au discours de conservation de notre environnement.
- Recherche scientifique : les résultats ADNe environnemental faunistique, réalisés en 2023 montrent une diversité impressionnante de faune sauvage, 10 d'entre elles sur la liste rouge de l'UICN : loutres, jaguars, fourmiliers,caïmans noire etc... et 17 variétés de singes, 25 espèces de chauves-souris entre autres.
Nous sommes fiers de nos actions pour la protection de la mère terre.
Et vous, qu’elle est votre contribution pour l’environnement ?
Le vendredi 7 juillet, la présidente de l’association a été invitée à présenter les activités de la réserve Yanayacu-Maquîa, dans la prestigieuse Maison de l’Amérique Latine à Paris. L’Ambassadeur du Pérou a mobilisé 3 représentants pour cet événement, les gens sont restés captivés par ce projet de conservation d’une partie d’Amazonie et des contacts de collaboration ont pu être établis. La présentation fut suivie par des questions et réponses sur le projet.
le 15 avril à 11 h 09 · LOTTY MOREY, MENTION SPÉCIALE TERRE DE FEMMES INTERNATIONALCette année, le thème du Prix Fondation Yves Rocher Terre de Femmes International était “Les Zones Humides, espaces naturels en danger”On vous présente Lotty et son super projet de conservation de la forêt amazonienne ! 40 000 ! C’est le nombre d’hectares de forêt que Lotty préserve avec son association Biodiversité Amazonienne. Depuis 2006, cette franco-péruvienne travaille, avec les populations locales, à la sauvegarde de la concession de conservation Yanayacu-Maquia.
« Sur un coup de tête, je me suis lancée dans l’aventure. Un ami m’a dit récemment : “si tu avais réfléchi, tu n’aurais pas accompli tout ça !” » s’exclame Lotty.
On est très heureux d’accompagner Lotty dans la préservation de la forêt amazonienne ! .
L'équipe de l'association Biodiversité-Amazonienne et Envol-Vert, était en mission dans la réserve Yanayacu-Maquîa du 12 au 19 novembre, pour prélever des échantillons d'eau en divers endroits de la concession pour des analyses de l’ADN environnementale. Cette mission était prévue depuis de longs mois mais nous sommes revenus les mains vides. Les rivières, les ruisseaux et les lacs étaient très bas pour la saison, donc la tourbière était sèche.
Nous sommes arrivés à la tourbe vers 9 heures du matin et nous avons marché jusqu’à 2 heures de l'après-midi en cherchant de la tourbe humide pour le laboratoire SPYGEN, mais tout était sec, pas une goutte d'eau. Voyant le temps passer et d'un commun accord avec l'équipe, nous avons dû faire demi-tour et prendre la décision de revenir pour le mois de février, en pleine saison hivernale, alors que normalement la montée des eaux devrait être à son maximum.
Aller dans la tourbière représente un coût élevé pour l'association et nos partenaires, sans oublier toutes les longues démarches gouvernementales pour obtenir des autorisations légales de prélèvement d'eau. LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EST BIEN RÉEL.
UNE MENACE POTENTIELLE
La tourbière ouverte de la réserve de Yanayacu-Maquia piège des milliards de tonnes de carbone. Sa disparition aggraverait les dérèglements climatiques en libérant dans l'atmosphère du méthane et des milliers d'années d'histoire planétaire.
La menace potentielle serait liée au réchauffement climatique, notamment dû à l'interruption des précipitations. Moins de pluie entraînerait l'assèchement de cette zone et la tourbe pourrait continuer à se décomposer, pire encore, elle pourrait prendre feu, notamment lors des orages.
Du 9 au 13 octobre, l'échange d'expériences du groupe de travail GCF a eu lieu dans la ville de Moyobamba à San Martín @gcf_taskforce !
11 régions qui composent le grand réseau national de conservation volontaire et communautaire se sont réunies en une seule force à San Martín pour participer à la réunion du Groupe de travail international des gouverneurs sur le climat et les forêts. Après avoir eu la rencontre nationale dans la ville de Tarapoto, nous nous sommes lancés pendant 4 jours dans un échange d'expériences intense et enrichissant avec des participants de 10 pays qui protègent les forêts tropicales sur leurs territoires.
Nous partageons des histoires et des portraits de notre engagement pour la conservation. Nous avons signé la « Déclaration de San Martín » ; rejoindre l'engagement de 39 gouvernements infranationaux de 10 pays, organisations et coopération pour réduire la déforestation des forêts tropicales dans le monde.
Ivàn Isuiza, le garde forestier principal de la réserve Yanayacu-Maquîa, était à son stand montrant une partie de la biodiversité multiple de la concession, expliquant inlassablement les bienfaits de certaines écorces et éblouissant les auditeurs d'explications sur la richesse de la concession. De même, Milenka Rojas, la coordinatrice, ravie de faire connaître la concession. Tous deux formaient un bon duo travaillant pour le bien commun.
Du 1er au 15 septembre, dans la communauté de Santa Lucía, la formation "Escalado y Cosecha de Aguaje" a été réalisée dans le cadre du projet Aguaje Sostenible, avec la participation de membres des quatre communautés entourant la concession de conservation Yanayacu – Maquía ( Mahuizo, Santa Lucia, Selva Alegre et Nueva Florida). Cette activité a été dirigée par l'Apu de la communauté indigène Veinte de Enero appartenant à la réserve nationale Pacaya Samiria, M. Wiler Tuesta Velasquez qui a plus de 20 ans d'expérience dans l'utilisation de ce palmier amazonien, et comme second formateur Alex Zamora, fils du président de l'ACORENA (Association pour la conservation des ressources naturelles) ; tous deux ont partagé leurs expériences, leurs connaissances théoriques et pratiques avec les membres de la communauté participant à l'atelier.
La formation était principalement axée sur la préparation du terrain qui couvrait la technique d'escalade, la fabrication manuelle des élingues (subiders) et l'utilisation du maquisapa (un type de grimpeur) ; les participants ont démontré leur intérêt et leurs efforts pour apprendre à grimper au jour le jour, beaucoup d'entre eux ont appris sans expérience préalable, d'autres ont perfectionné leur technique ; Au cours de ces journées, les participants ont souligné l'importance de cette pratique, car ils ont mentionné que les années précédentes, ils avaient coupé les palmiers et que pendant ce temps, les aguajales restants étaient de plus en plus hors de leur portée.
Du 10 au 14 mai, une équipe composée de résidents des communautés entourant la concession de conservation Yanayacu Maquia (Mahuizo, Santa Lucía, Selva Alegre et Nueva Florida) de Loreto, des gardes du parc de la concession, ainsi que des représentants de l'ONG Envol Vert ont fait un voyage d'apprentissage dans les communautés indigènes de Veinte de Enero et Yarina situées dans la réserve nationale de Pacaya Samiria (RNPS). L'objectif de ce voyage était de découvrir et d'apprendre les différentes activités durables menées dans la réserve, telles que la gestion du taricaya (Podocnemis unifilis), la surveillance communautaire et l'utilisation de l'aguaje (Mauritia flexuosa), un super fruit amazonien à haute valeur nutritionnelle. valeurs, d'importance environnementale, sociale et économique.
Depuis plus de 20 ans, la communauté de Veinte de Enero, comprendre l'importance et la nécessité de conserver la forêt, c'est pourquoi ils ont adopté diverses techniques pour profiter de l'aguaje afin que leur existence ne soit pas compromise par des activités comme l'abattage du palmier. Nous avons commencé la formation par un brise-glace, une activité très dynamique qui a permis à nos collègues et au groupe de grimpeurs de Veinte de Enero de prendre confiance et de se détendre ; puis nous avons commencé la formation dispensée par le représentant de l'Association pour la conservation des ressources naturelles - Vingt janvier (ACORENA), M. Modesto Zamora Nascimento,
Pendant la formation, il était impressionnant de voir un groupe de résidents d'âges variés (entre 16 et 86 ans) escalader les palmiers avec divers équipements, démontrant leur capacité en un temps approximatif de 2 minutes. Le stage chez Pacaya Samiria a été un moment inoubliable, une opportunité de sortir et d'apprendre qu'il est possible de générer des revenus avec les ressources forestières sans avoir besoin de détruire les écosystèmes et de pouvoir travailler en équipe en toute transparence. Il ne reste plus qu'à remercier ce qui a été partagé et exécuter ce qui a été appris pour démontrer qu'avec de la volonté tout est possible.
Terre de Femmes, c’est près de 500 femmes récompensées dans 50 pays d’action depuis 20 ans. Et à l’heure de l’édition anniversaire du prix, c’est la présidente de l’association Biodiversité-Amazonienne, Lotty Morey qui est récompensée du 2ème prix.
La Fondation Yves Rocher, s’engage depuis 1991 à préserver la biodiversité, et lance la première édition du Prix terre des Femmes , récompensant l’engagement de femmes agissant en faveur de l’environnement.
« Lotty est engagée au quotidien pour la protection et la conservation de l’environnement de la réserve naturelle Yanayacu-Maquia, trésor de biodiversité situé en pleine forêt péruvienne. Depuis 2006, Lotty a planté avec les communautés locales plus de 30 000 arbres issus d’espèces endémiques«
Plus que la possession d’un simple prix et du bénéfice d’un soutien financier, Lotty entre au sein d’une communauté engagée : rendez-vous réguliers, ateliers, retrouvailles autour de conférences thématiques, matinées de partage avec d’autres structures, la communauté Terre de Femmes est une forme d’autonomisation des femmes.
Lotty s’est donc rendue en France pour récupérer son prix en même temps que ses co-lauréates, Naomi Flaga-Madegan et Joanne Boachon.