Prélèvements ADN dans la Concession de Conservation Yanayacu-Maquia
En mars dernier, nous avons réalisé une mission scientifique en collaboration avec notre partenaire Spygen, dont l’objectif était d’obtenir l’ADN environnemental de la faune dans différentes corps d’eau (lentique et lotique) à l’intérieur et à l’extérieur de la Concession de Conservation Yanayacu – Maquia (CCYM). Après plusieurs mois d’attente, nous sommes ravis de pouvoir partager avec vous les résultats de ces analyses.
L’objectif de ce projet collaboratif était d’identifier la richesse de la faune du CCYM, afin de pouvoir mener de futures activités de recherche sur les espèces inscrites sur la liste rouge de l’UICN. Ces résultats reflètent les efforts de conservation et le travail de suivi sur le terrain réalisés par les gardes forestiers.
Un total de 12 points a été échantillonné : tourbière, lagune, rivière et ruisseau, dont trois en dehors de la concession. Cette mission a été l’occasion d’appliquer la méthodologie d’identification des espèces par leur ADN, ainsi que de promouvoir son utilisation dans d’autres projets de conservation dans d’autres régions.
Des résultats significatifs
Les résultats confirment l’importance de la préservation de la concession, 25 espèces de chauves souris, 17 espèces des primates entre autres. 13 des espèces identifiées figurent sur la liste rouge de l’UICN. La loutre géante (Pteronura brasiliensis) est l’espèce la plus menacée, elle est suivie par le jaguar (Panthera onca). Les autres espèces, comme le huapo rouge (Cacajao calvus), le singe de Nancymae (Aotus Nancymaae) et le tapir (Tapirus terrestris), le plus grand mammifère terrestre d’Amazonie, sont considérées comme « vulnérables ».
Un grand nombre de séquences d’ADN n’ont pas pu être attribués à une espèce, mais seulement à un genre ou à une famille : les espèces appartenant aux genres et familles détectés sont susceptibles d’être incluses dans la liste rouge de l’UICN, ce qui augmenterait le nombre total d’espèces menacées présentes dans la concession.
Cartograhie de l’ADN dans la CCYM avec Spygen
A travers ses 40 milles hectares et les 7 différents types de forêt qu’elle abrite, la CCYM possède une biodiversité des plus riches de la forêt amazonienne. Depuis sa création en 2006, il y a notamment été observé un grand nombre d’espèces animales et végétales en danger et placées sur liste rouge (loutre géante, dauphin rose, huapo colorado…). Cette biodiversité qui a jusqu’alors pu être observée à l’œil nu, va pouvoir être répertoriée de manière scientifique à l’aide de notre partenaire, le laboratoire SPYGEN.
En collaboration avec cette entreprise française, nous avons mené une expédition scientifique dans la concession afin d’échantillonner 12 points d’eau tels que des rivières, des lagunes et différents types de tourbières. Les techniques de prélèvement se font depuis un bateau lorsqu’il y a du courant et depuis la berge quand l’eau stagne. La pluie amazonienne et les rencontres inopinées avec des personnes ayant pénétré illégalement la concession, ont transformé les 4 jours initialement prévus pour cette aventure en 6. Les aléas font partie de la forêt et ne nous ont pas empêché de mener à bien notre mission !
Ce travail collaboratif entre SPYGEN, Biodiversité Amazonienne et Envol Vert a pour objectif de protéger les espèces en danger et de faire progresser la science. Pour cela, nous avons collecté des ADN de la faune de la CCYM que SPYGEN est chargé d’analyser, ce qui nous permettra de mieux connaître ces forêts que nous conservons ainsi que d’encourager les milieux académique et scientifique à venir y mener des recherches. Ces données nous donneront des précisions sur la faune présente et nous faciliteront la mise en place de mesures de protection pour les espèces les plus vulnérables.
La biodiversité observée pendant ces 6 jours d’expédition nous laisse impatients de recevoir les résultats d’analyse. Nous avons pu observer différentes espèces de singes, une grenouille transparente, des caïmans, ainsi que des empreintes de jaguars !
Journée mondiale de la vie sauvage 3 mars
MAI
La saison sèche arrive !
Avec le changement de saison, et malgré le COVID, il y a de bonnes nouvelles pour la concession. Les risques d’intrusion diminuent, les poissons peuplent les lacs et rivières en quantité, les félins laissent des traces de leur passage, les oiseaux préparent leur nid…c’est paisiblement que la vie reprend son cours après les inondations naturelles dues à la saison des pluies.
Pour l’association cette époque marque normalement un tournant dans les activités quotidiennes. Alors que toute l’attention se focalisait jusqu’alors sur les braconniers, vient le temps d’un travail tourné vers les communautés pour travailler à la sensibilisation environnementale mais aussi à la recherche d’alternatives économiques durables. Cette année un nouveau volet d’action devrait également prendre son envol, et mettre en avant la conservation et la récupération de 4 espèces d’arbres menacés (liste UICN) caoba (Swietenia macrophylla) cedro colorado (Cedrela odorata) cumala (Virola sebifera) quinilla roja ( Manilkara bidentata)
Un travail amplement ralenti par la crise que connait le monde actuellement mais qui n’empêche ni les arbres de produire leurs graines, ni les gardes forestiers de partir à leur recherche pour faciliter la reproduction de ces espèces tant convoitées. Nous espérons que dès le mois prochain les premières pépinières fleuriront aux abords de la concession afin que nous soyons prêts pour les plantations lorsque la pluie fera son grand retour à partir du mois d’octobre.