La tourbière

La tourbière, un écosystème clé de la Concession de Conservation Yanayacu-Maquia

La « tourbière » ? Ce mot vous dit sûrement quelque chose… On vous en dit plus.

La tourbière Maquia, un écosystème spécifique

Photo de la tourbière Maquia de la Concession de conservation Yanayacu-Maquia au Pérou (Source : Biodiversité Amazonienne, 2017.)

La Concession de conservation Yanayacu-Maquia, avec une surface totale de 38.699 ha représente environ 4 fois la taille de Paris en pleine Amazonie péruvienne. Au sein de la concession, 7 écosystèmes forestiers sont représentés, dont un particulier, la tourbière. La surface de la tourbière de la Concession Yanayacu-Maquia est estimée à 7000 ha, soit 15% de la superficie totale de la Concession. D’après les communautés rurales vivant dans la zone, plus de 50 espèces végétales provenant de cet écosystème sont utilisées pour la construction, l’alimentation, la médecine, et l’économie formelle. C’est également un refuge pour la biodiversité. En effet, outre les nombreuses espèces de poissons, d’amphibiens, et de reptiles, la tourbière Maquia est composée d’aguajes (Mauritia fluexosa), une espèce d’arbre spécifique de cet écosystème en Amazonie.  Ces arbres produisent des fruits abondants et très nutritifs qui attirent une faune diversifiée et dense comprenant des singes, des tapirs, des pécaris, des agoutis, des aras, etc.

Mais au fait, une tourbière, qu’est-ce que c’est exactement ?

Une tourbière est un écosystème qui se caractérise, en premier lieu, par un sol saturé en permanence d’une eau stagnante ou très peu mobile.  Cela prive les micro-organismes (bactéries et champignons) responsables de la décomposition et du recyclage de la matière organique de l’oxygène nécessaire à leur métabolisme. Dans ces conditions asphyxiantes (anaérobiose), la litière végétale ne se minéralise que très lentement et très partiellement. Elle s’accumule alors, progressivement, formant un dépôt de matière organique mal ou non décomposée : la tourbe.​

Véritable roche végétale fossile, la tourbe est donc un sol organique issu de la dégradation incomplète de débris végétaux dans un milieu saturé en eau. Elle contient au moins 20 % de carbone (30 % dans le cas de tourbes riches en argiles) et peut s’accumuler sur plusieurs mètres d’épaisseur, au rythme moyen de 0,2 à 1 mm par an.

Et quel est le rôle des tourbières pour l’environnement ?

Les tourbières jouent 3 grands rôles pour l’environnement :

  • Pour l’eau : agissant comme un filtre pour les minéraux et absorbant les surplus d’eau prévenant les inondations
  • Pour la vie : comme habitat spécifique pour de nombreuses espèces
  • Pour les gaz à effet de serre : comme « puits de carbone »

Pourquoi les tourbières sont-elles si importantes à préserver ?

Il est estimé que les tourbières contiennent à elles seules, environ le tiers de tout le carbone contenu dans le sol de la planète… Et les tourbières « tropicales » stockent deux fois plus de carbone que toutes les forêts du monde.

Une tourbière fonctionnelle est donc un écosystème qui a :

  • La capacité d’accumuler du carbone, ce qui atténue les effets du changement climatique
  • De réguler les flux d’eau, ce qui permet d’atténuer les inondations en saisons des pluies
  • De supporter une grande variété d’habitats et d’espèces, source de biodiversité
  • D’accumuler depuis des millénaires la matière organique dans les couches de son sol, et donc de nous raconter le passé.
Quelles seraient les conséquences de sa dégradation ?
Par conséquent, la dégradation de la tourbière Maquia affecterait ses 3 grands rôles pour l’environnement. Pour l’eau, pour la vie, et pour le carbone. En effet si la tourbière Maquia était fortement dégradée, son rôle de régulation des flux hydriques affecterait fortement les populations de la zone par une augmentation des inondations en saison des pluies. D’autre part cela entraînerait la perte de sa biodiversité spécifique. Enfin, la dégradation de la tourbière, couplée aux effets du changement climatique, entraînerait un relâchement immédiat d’une partie de son stock de CO2 dans l’atmosphère. Chose qui actuellement semble être une préoccupation d’ordre internationale.

L’association Biodiversité Amazonienne porte donc une attention particulière à la conservation de la tourbière Maquia grâce aux activités de surveillance de ses éco-gardes locaux et à la recherche scientifique appliquée dans la zone de Maquia. Depuis 2011, des études scientifiques sont menées dans cette zone de la Concession. La tourbière Maquia a fait l’objet de nombreuses études de terrain pour les recherches de la thèse la docteure Outi Lahteenoja, doctorante de l’Université de Turku en Finlande.

Depuis 2015, l’Université d’Arizona, basée aux Etats-Unis travaille également sur la tourbière Maquia. Son équipe de scientifiques menée par Hinsby Cadillo, s’intéresse particulièrement à la dynamique des flux de carbone dans le sol et la végétation de la tourbière. En juin 2019, une base forestière a été construite par les éco-gardes et les communautés locales à proximité de la tourbière pour accueillir les équipes de scientifiques lors des études de terrain. Une étude spécifique est prévue en fin juillet 2019 par l’équipe de l’Université d’Arizona appuyée par nos partenaires péruviens de L’Université Nationale d’Amazonie Péruvienne. Les résultats sont à suivre…

Alors, vous en savez désormais un peu plus sur les tourbières ?

Etes-vous convaincus de l’importance de leur importance pour l’environnement?

Si vous souhaitez en savoir plus sur cet écosystème et ses spécificités, nous vous invitons à regarder ces deux courtes vidéos :